Deux fois dans ma vie on m'a traitée d'ange sans vouloir me faire un compliment. La première fois, clairement lancée comme une insulte, la deuxième est tombée comme un constat regrettable. Pourquoi cela me revient-il ce matin tandis que je réouvre les Contes pour l'âme à la page La Mission de l'ange. Flabeurgastée par ces mots lourds de sens qui me sautent au visage comme deux soufflets, j'arrive à regretter encore. Tiens! Tu l'appelles de tous tes voeux depuis la nuit des temps, cette mission. Ben la voilà, avec du financement attachée à la clef et des complices émérites! Peux-tu refuser ça? As-tu vraiment le choix? Exaucée comme un ange, j'en arrive à me sentir encore imposteure. C'est louche non? C'est à n'y pas croire les yeux fermés, non? C'est le moment ou jamais de faire preuve de lucidité, de clairevoyance et de mesure, non?

Alors? D'où me vient ce sentiment de malédiction? Je le sais trop. La brèche se réouvre, le passé remonte comme un geyser, les blessures saignent d'abondance balayant les résiliences d'un coup sec. Rien ne sert de ruminer le passé! Tire la somme de tes erreurs une fois pour toutes et choisis toi toi-même en pleine conscience vers la lumière! Et bla-bla-bla. Je sais tout ça. J'ai perdu ma fille à cause de tout ça. Je la fais depuis déjà longtemps cette somme et le résultat est implaccable: j'ai perdu le droit d'en parler. C'est le pire des couperets, celui qu'on s'applique soi-même, fait d'autocensure et d'interdictions. Comment refouler un passé de honte et de naïvetés impardonnables?

  1. couple de joliette
  2. comptable de l'avenue des Pins
  3. Nature incrédule, naïvetés innommables
  4. Ange déchu devant un carrefour giratoire
  5. Hontes sociales, devoirs de loyauté

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