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''Le silence revenu, le personnage reprend son tâtonnement dans le noir, marmonnant faiblement (''Mais non, j'ai pu peur du noir, voyons! Chus pu un bébé, quand même!''). Juste à ce moment, une figurine mécanique s'allume tout près, du genre de celles qui, ornées de lumière et de grelots, bougent avec saccades en chantant une chanson de Noël ou d'Halloween. L'adolescent fait un saut extraordinaire mais, furieux de sa propre peur, décroche l'appareil et l'envoie valser vers le fond à cour. Alors qu'il reprend son tâtonnement, l'objet lui est relancé juste à ses pieds : il fige sur place, terrifié. Il questionne timidement les ombres.  
''Le silence revenu, le personnage reprend son tâtonnement dans le noir, marmonnant faiblement (''Mais non, j'ai pu peur du noir, voyons! Chus pu un bébé, quand même!''). Juste à ce moment, une figurine mécanique s'allume tout près, du genre de celles qui, ornées de lumière et de grelots, bougent avec saccades en chantant une chanson de Noël ou d'Halloween. L'adolescent fait un saut extraordinaire mais, furieux de sa propre peur, décroche l'appareil, qui s'éteint, et l'envoie valser vers le fond à cour. Alors qu'il reprend son tâtonnement, l'objet lui est relancé juste à ses pieds : il fige sur place, terrifié. Il questionne timidement les ombres.  





Version du 17 août 2017 à 03:42

Théâtre d'objet et d'horreur à la Tim Burton

Construction atmosphérique

Proposition de No-Face, en co-écriture avec Francis Elmerez Boudreault

Proposition originale - C'est l'histoire d'un enfant se déplaçant dans un endroit inconnu en étant seulement équipé d'une lampe. Que cherche-t'il? Nous l'ignorons. Durant sa quête, il est confronté à plusieurs de ses peurs, principalement des peurs enfantines: peur du noir, peur de l'inconnu, peur de se perdre. Peurs incarnées par des personnages ayant une esthétique très burtonienne.


Synopsis

Rapproché du public, l'ensemble de la scénographie, une série de rayonnages remplis d'objets divers fermant l'espace avant de la Boîte, crée l'impression pour le public de regarder la scène depuis une cachette dans un sous-sol encombré. Sur les cordes arrière et au-dessus, des crochets variés, des supports, des costumes et de menus outils sont accrochés. À jardin, une porte close, peut-être en haut d'un court escalier; à cour, un petit banc de bois tout près du sol, au-dessus de laquelle pend une ampoule à œillet.

Pour l'instant, tout cela est plongé dans le noir et l'on entend, en voix off ou derrière le dispositif, deux parents se disputant.


Parent 1, criant presque - Bon, on a tout là! Dépêche, l'auto roule.

Parent 2 - Prends ton temps, mon chéri! T'as tes souliers noirs pour l'école? Et ta pompe pour l'asthme?

Parent 1 - Pourquoi tu dois aller en bas? Y'a rien que des cochonneries que ta mère veut pas jeter! ... Et oui, évidemment que j'ai ses pompes! Pour qui tu me prends, toi?

Parent 2 - Pour qui tu te prends, toi! Laisse-le faire, veux-tu! C'est la première fois qu'il quitte la maison comme ça, là, veux-tu!

Parent 1 - Il en a deux maisons, asteur!... J'ai ta valise et ton sac d'école, allez, plus vite on part, mieux on se...

Parent 2 - Toi, va l'attendre dehors! Tu viendras pas imposer ta loi ici, tu n'es plus chez toi! 20 ans, c'est bien assez pour t'entendre encore gueuler dans ma maison à moi! (à l'adolescent) Et vas-y, mon chéri, va chercher ce que tu veux au sous-sol... (au père) DEHORS, J'AI DIT!!!! (on entend une porte d'entrée s'ouvrir)

Adolescent - Ok, je fais juste récupérer un truc et je remonte...

Parent 2 - Oui oui, fais vite. Plus vite il repart, mieux je me...

Adolescent - Je reviens, maman, je reviens... (on l'entend descendre d'abord rapidement puis ses pas ralentissent ; à mesure que la tension monte, la porte s'ouvre lentement en grinçant désagréablement : une lueur bleue en sort pour dessiner une pénombre sur l'ensemble et sur l'adolescent, qui se tient sur le seuil)

Parent 1, la voix des parents disparaissant presque pour ne former qu'un lointain tonnerre - Grouille!

Parent 2 - Toi, crie encore une seule fois après mon enfant et j'appelle la police! Ciao ta garde partagée!

Parent 1 - Il est autant le mien que le tien! Et avec la pension que je vais payer...

Parent 2 - Ça, c'est pas réglé, et si c'est pour être ça, ton argent, tu peux le bouffer et t'étouffer avec! Tu l'attends dehors ou je te, DEHORS J'AI DIT!!, ou j'te casse la porte dessus!


On entend la porte d'entrée claquer vivement, tandis que les voix ne sont plus qu'un menaçant bruit de fond. Tout le reste de la scène, à quelques exceptions possibles, sera sans paroles. La lueur bleue ne fait qu'appuyer le contour des objets et ne permet pas de définir autre chose que des ombres.

L'adolescent apparaît sur le seuil; il porte un sac à dos. Il essaie de poser le pied sur la première marche mais accroche quelque chose qui déboule avec un bruit de ferraille. Il remonte le pied, comme s'il l'avait trempé dans une eau trop froide. En bas, il peut croire apercevoir une ombre qui s'est déplacée sournoisement (réellement?). Il étire le bras (Cette lumière doit bien être quelque part!) et cherche vainement un cordon métallique servant à actionner une ampoule. On entend sa respiration s'accentuer. Il descend finalement un pied sur la première marche et réessaie de trouver le cordon de l'ampoule. Finalement... (Ah! Enfin!) Il l'actionne. Sans effet. Deuxième essai. Sans effet. (Ah bon sang, la lumière!) Troisième essai, deux coups secs. Doublement sans effet. Dans un coin, on entend un sourd grondement, peut-être un monstre dérangé dans sa torpeur, ou le souffle puissant d'un dragon au sommeil fragile.

Apeuré, l'adolescent a un léger recul mais se retient. (Allons! Y'a pas de monstre, c'est que le sous-sol, pas le fond d'une caverne! Allez, c'est pas le temps de jouer à l'enfant!) Il tâte du pied pour trouver la seconde marche et y descend. Même jeu pour la troisième et dernière marche, sur laquelle il accroche un outil qui tombe en résonnant. On entend de l'eau goutter, comme dans une grotte. Un jeu d'écho sonore s'installe pour la durée de la scène; peut-être, quelque part, un micro avec effet de réverbération pour augmenter l'effet de profondeur. Il descend finalement jusqu'au sol.

Les bras écartés, il tâte alentour et essaie d'avancer, mais son pied se cogne contre une boîte de carton. Une ombre de chat rugissant décampe vers le fond du sous-sol en crachant son fiel et en grondant sa colère paresseuse. (Sale chat! Tu peux pas aller traîner tes puces ailleurs!) Tout le sous-sol est habité de grincements, de grattements et d'autres bruits des plus lugubres. Il continue d'avancer et tâte le long de la boîte pour l'écarter. Il fait quelques pas dans le noir quand un grattement profond se fait entendre contre une planche. Prenant d'abord peur mais voyant que le bruit ne se répète pas (Relaxe, seigneur! Faut que tu relaxes!), il recommence à marcher mais à nouveau le bruit... (C'est dans ta tête, c'est sûr... C'est comme quand t'étais petit et que tu te faisais pipi dessus à cause d'une toile d'araignée! Au pire, c'est sans doute juste un mulot ou une souris...!), le bruit persiste et s'approche effectivement d'un couinement de souris. Il s'apprête à continuer, mais le bruit résonne à nouveau, plus grave. (Dans ma tête ou pas, j'aime pas ça!... Ah pis merde, là, les ptites bibittes mangent pas les grosses!) Il s'arrête alors qu'une ombre traverse nettement sur la paroi du fond, redéplaçant la boîte juste derrière l'adolescent, qui se retourne à plusieurs reprises. On voit les fils de derrière s'ébrouer du centre vers cour, lentement mais sûrement, le tout accompagné d'un grognement très distinct, inhumain, monstrueux. Après un moment, le chat se met à gronder puis, dans un sursaut, émet cri rapidement étouffé, suivi d'un miaulement atroce et d'un couinement d'agonie, puis un silence habité par quelques gargouillis, comme si un monstre mangeait le chat. Plus le moindre bruit du chat. (murmurant Oh my god, oh my god, oh my god, pas mal sûr qu'les ptites bibittes sont pas supposées manger les chats non plus!)

Passent quelques instants où seuls les gargouillis et la respiration haletante de l'adolescent emplisse l'espace. On sent le monstre achever son repas et se remettre en mouvement. Son grognement augmente à mesure qu'il se rapproche de l'adolescent, qu'il contourne finalement, déplaçant quelques objets qui tombe d'une tablette, passant entre le public et le personnage qui se plaque le dos contre le fond. Au comble de la peur, un toc-toc-toc résonne soudain, venant du plafond, faisant bondir l'adolescent et... le chat, qui ressort de derrière la boîte en miaulant, comme si de rien n'était.


Parent 2 - Ah! Chéri? J'oubliais! La première lumière est brûlée! Ton père a dit qu'il la changerait l'ampoule vu que je suis trop petite pour m'y rendre, mais tu connais ton père! C'est comme de rien, mais ça peut ben attendre jusqu'au Jugement Dernier, c't'affaire!... Euh, y'a toujours la deuxième ampoule, tout au fond! Sinon, j'ai mis une lampe de poche sur la première tablette... euh... ou la deuxième, je sais pu trop! (l'adolescent fixe le fond, juge le risque et commence à étirer les bras à tâtons pour essayer de trouver la lampe de poche) Je sais bien que t'as plus peur du noir, mais... Quand t'étais petit, tu pouvais pas dormir sans veilleuse sans entendre des voix et t'imaginer un rameutement de vampires au pied de ton lit!... Bon, fais vite, là, j'ai pas envie que ton père s'impatiente dans son gros char laite! Je veux pas qu'il revienne bardasser! Il est plus chez lui, ici!


Le silence revenu, le personnage reprend son tâtonnement dans le noir, marmonnant faiblement (Mais non, j'ai pu peur du noir, voyons! Chus pu un bébé, quand même!). Juste à ce moment, une figurine mécanique s'allume tout près, du genre de celles qui, ornées de lumière et de grelots, bougent avec saccades en chantant une chanson de Noël ou d'Halloween. L'adolescent fait un saut extraordinaire mais, furieux de sa propre peur, décroche l'appareil, qui s'éteint, et l'envoie valser vers le fond à cour. Alors qu'il reprend son tâtonnement, l'objet lui est relancé juste à ses pieds : il fige sur place, terrifié. Il questionne timidement les ombres.


Adolescent - Eh oh! Y'a quel... Mais non, idiot! Évidemment que y'a personne! Tu vas avoir seize ans et t'es là, prêt à te pisser dessus comme si t'avais vu un mort! Come on! T'es sérieux! (il s'imite pour se ridiculiser) Y'a quelqu'un, y'a quelqu'un! Qui veux-tu qu'il...

Voix d'outre-tombe, émanant de nulle part et de partout à la fois - Oui, il y a quelqu'un!

Adolescent, glacé, se déplaçant vers cour - Oh-oh-oh m-m-m-y g-g-god!

Voix d'outre-tombe, éclatant d'un rire désincarné - AHAHAHAHAHAHAH!!!

Adolescent, à l'ombre, tâtonnant - Qui êtes-vous!

Voix d'outre-tombe - Personne.

Adolescent, provocateur, contre sa peur - Évidemment que vous êtes personne, vu que vous existez pas!


À ce moment, il pointe et allume dans vers jardin la lampe de poche qu'il a finalement trouvée. Rien. Juste l'escalier. Il fait nerveusement le tour des objets et de l'espace, toujours inquiet de voir finalement une ombre lui sauter dessus. Finalement, il ramène la lampe contre sa poitrine pour la changer de main et, au moment où la lumière vise le plafond, une tête surmontée d'un chapeau apparaît juste dans son dos. Paniquant, il échappe la lampe de poche qui va rouler plus loin. On entend quelques objets tomber puis, retrouvant la lampe à quatre pattes, il la pointe vers la silhouette. Se tient une patère, à laquelle est accroché un cintre supportant un long manteau noir, un parapluie et une tête de mannequin supportant un chapeau à bord gris.

L'adolescent, soudain rassuré, pousse un long soupir (Bon sang c'que j'peux être ridicule, des fois!) Il se dirige dès lors avec assurance vers le long manteau, de sous lequel il tire le petit banc, qu'il pose au pied de la patère. Grimpant dessus, il saisit le parapluie et, avec le bout recourbé, atteint la chaînette de l'ampoule, qui s'allume en dissipant un éclairage fragile mais chaleureux. Il redescend et glisse le parapluie dans une manche à partir du bout. Il cherche visiblement à faire tomber quelque chose caché dans le manteau. Dans la parfaite discrétion, l'autre manche se soulève : une main en dépasse et va tapoter une épaule de l'adolescent, qui regarde l'autre manche. Celui se retourne, à demi effrayé à demi ridicule, puis reprend sa tâche. Même jeu de taquinerie une deuxième fois : l'adolescent regarde plus minutieusement autour de lui. Pour l'aider, la manche vivante lui met la lampe de poche dans une main, sans que cela n'éveille chez le personnage la moindre surprise, trop pris par sa peur des ombres. Puis l'adolescent reprend son travail.

La taquinerie reprenant, l'adolescent se revire à nouveau, puis fait volte-face pour se retrouver glacé, nez à nez avec la manche qui, entre-temps, a fouillé à l'intérieur du manteau pour en ressortir une petite boîte métallique. Pour désactiver sa frayeur, la manche brasse la petite boîte, attirant sur elle le regard soudain illuminé de l'adolescent. La récupérant de la main de la manche, il s'assoit sur le petit banc et ouvre ce qui s'avère contenir de vieux souvenirs d'enfance, une figurine de superhéros, un coquillage, des billes, des photographies, etc. À mesure qu'il les regarde, on voit la tête de mannequin bifurquer presque imperceptiblement vers lui, avec tendresse. Après un moment, on entend une porte claquer au loin. Entendant ses parents se chicaner à nouveau, l'adolescent fait une moue découragé vers le plafond, serrant nostalgiquement ses souvenirs.


Parent 1 - Eh oh! Encore une minute et c'est moi qui appelle la police!

Parent 2 - TOI, J'T'AI DIT DEHORS!!

Parent 1 - JE SORS PAS D'ICI SANS MON ENFANT...

Parent 2 - SANS UNE MISE EN DEMEURE DE MON AVOCAT SI DANS LA SECONDE QUI...

Parent 1 - SI DANS LA SECONDE QUI VIENT IL MONTE PAS JE VAIS LE CHERCHER MOI-MÊME!

Adolescent, se levant pour crier impatiemment à ses parents - OKAY, ÇA FAIT EN HAUT, LES ENFANTILLAGES!... (les voix des parents se taisent aussitôt) SI UN DE VOUS CRIE ENCORE UNE SEULE FOIS APRÈS L'AUTRE, JE VOUS L'JURE, JE ME BARRICADE DANS LE SOUS-SOL ET J'EN RESSORS PAS AVANT MES DIX-HUIT ANS! COMPRIS???!!!

Parent 1, soudain très résilient, sur un ton de dialogue respectueux avec l'autre parent - Bon je... je vais l'attendre dehors. Je... Je m'excuse.

Parent 2, même ton conciliant - Non, non, c'est moi qui te demande pardon. C'est la première fois que je l'aurai pas avec moi, tu sais... toutes ses années... À le savoir proche, en sécurité... J'ai l'impression qu'on me le... Qu'on me le vole.

Parent 1 - Je comprends, t'en fais pas, je comprends. Je... Je vais l Moi non plus, je sais pas trop pourquoi je me fâche. Je l'aurai pas pour sa fête, mardi, alors j'ai réservé une table au petit resto qu'il aime tellement. Et... Et j'veux tellement rien gâcher que je veux tout contrôler... Tu me connais!

Parent 2 - Oui, je te connais... Je comprends, c'est quand même...

Parent 1 - Avant de le coucher, on va t'appeler, okay? Sur mon cellulaire, vu que j'ai pas encore pu faire installer la ligne téléphonique à l'appartement, vu que je sais pas si ce sera temporaire ou... On va t'appeler, pour que tu puisses lui dire bonne nuit. Ça te va?

Parent 2 - Oh, oui, vraiment, ce serait bien, ça me... Merci. Merci d'y penser.

Parent 1 - De rien, ça va de soi... On est deux là-d'dans, après tout...


Pendant ce dialogue, l'adolescent remet dans la boîte les petits objets qu'il a laissé sur le banc. Il la referme et la glisse, après un soupir, dans son sac qu'il referme et qu'il remet sur ses épaules. Il marche vers l'escalier, refait à nouveau le tour des yeux et s'arrête pour appeler l'ombre du chat (Allez, maudit chat!, viens t'en si tu veux pas rester coincé ici!). Tous les deux sortent, oubliant de fermer la lumière.


Silence, puis les grincements et les murmures reprennent progressivement. Des voix, des bruissements, des grognements, etc. Jusqu'à ce que d'un coup, tout s'arrête. Alors, la manche vivante du manteau se relève une dernière fois pour saisir la chaînette de l'ampoule, qu'elle active finalement. Noir.


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