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Version du 23 juin 2017 à 02:21

(titre de travail) Texte sur le spectacle clownesque du cancer de Régine Breyton (Reg)

Diagnostic

Depuis que je suis arrivée, mon ventre grossit, je fais des abdos, je marche plus de 5 km par

jour, que de questions , dans ma tête, est-ce la ménopause ?. je suis allée voir un médecin

ayurvédique, je suis dans le bon pays , recommandé par mon prof de yoga, dont le père était

médecin ayurvédique du roi, pas rien quoi, il m’a donné des herbes, pris mon pouls et c’est

tout, Je mange que des légumes, je fais du yoga tous les jours à 6h 00 du mat. Mais cela ne

passe pas , j’ai des gaz incessants, je pétarade à tour de bras, je m’endors le soir seule dans cette

maison après avoir éteint la bougie, avec cette chose dans mon ventre que je ne comprends pas.


Je dois savoir avant de partir dans le sud pour , je vais à la clinique occidentale dans le beau

quartier des ambassades. Examen avec la doctoresse, qu’est ce que j’ai , est ce une allergie

gluten dont tout le monde me parle, pourquoi mon ventre gonfle, mes veines deviennent

apparentes et je ne mange pour ainsi dire rien. On me demande de rester pour faire une

échographie, la spécialiste vient dans l’après-midi, c’est une petite clinique , avec peu d

moyens, je suis arrivée vers 13h, je dois rester, attendre la spécialiste à 16h et attendre pour le

diagnostique 18h. Elles sont trois, je me demande si j’ai gagné le gros lot, en fait oui j’ai gagné le

gros lot mais pas celui que je m’attendais. Je ne sais pas comment on dit ça, je ne me rappelle

pas. Je sais juste que l’on a découvert une masse cancéreuse. La doctoresse, qui est une femme

de cœur a demandé une infirmière d’origine française d’être là pour me parler en français. Elle

me dit que si je veux parler, d’appeler, de venir pour parler. Je ne comprends pas, parler, je ne

peux rien dire et je ne sais pas de quoi il faut parler, qu’est -ce que cela sous- entend parler?,

c’est psycho machin chose, moi , je garde les choses pour moi, je vis les choses intérieurement,

je ne parle pas. On me l’a tellement reproché pour quoi tu dis rien. Cela m’a apporté, aussi,

tellement de déboires. Je ressors dans la rue, la tête ailleurs, elle m’a dit que je devais rentrer ,

immédiatement au Canada, moi qui m’apprêtait à aller à Lim pour faire une retraite Vispassana.


Dans ma tête, je m’attendais à prendre le bus , au son de la musique indienne affronter les

cahots de la route, je ne peux pas partir tout de suite, je dois dire adieu à ce pays, faire des

cadeaux aux autres qui sont là bas. Je rentre , il y a une fête ce soir, au restaurant, je ne dirais

rien, garderait la nouvelle pour moi, ne pas gâcher la fête, les regarder, s’amuser et rire.

Le lendemain, on me demande des nouvelles de ma visite chez le docteur, c’est la première fois

que je l’annonce, ma gorge se noue, non, ce n’est pas une allergie au gluten. Personne ne veut y

croire, des népalais pensent que c’est pour faire de l’argent, la C125, le lendemain viendra

confirmer le taux de cellules cancéreuses élevées dans mon sang. Téléphoner, du coin de la

rue, demander pouvez vous avancer mon vol, j’ai un cancer, drôle de nouvelle, comme les

nouvelles auxquelles on ne s’attend pas. J’ai pas envie de le dire, je dois sortir de ma réserve,

me mettre en première place, j’ai un cancer. Ce n’est pas seulement le fait , mais le dire. Je

voudrais avoir autre chose à annoncer, moi qui n’aime pas déranger, j’ai l’impression d’être

coupable, je vous jure je ne l’ai pas fait exprès, oui ç a va bien aller, je ne causerais pas de

problème. Comment vivre avec cette nouvelle, je n’ai le goût de rien. On me donne une fleur

de cocotier, on me dit oui ça se guérit aujourd’hui. La vendeuse de thé qui est en ceinte , me

donne un paquet de thé. Je viens de m’acheter une ensemble pour danser le Baladi, peut être

plus tard, mon corps est bizarre, dépouillé de toutes ces écharpes, mon ventre est énorme, le

reste a fondu, je ne me reconnais plus.


Drôle de retour, 2 jours de voyage, je n’irais pas me balader à Londres comme à l’allée. Juste

une pensée, j’ai un cancer.

Hôpital

Mon chum est à l’aéroport pour m’accueillir, il était là la veille. Je lui ai dit

que s’il voulait , il n’était pas obligé de rester avec moi, je connais le cancer,

je l’ai vécu avec ma mère, je connais ses conséquences sur la vie familiale.

La maladie transforme les relations, les mots couverts, les attitudes

vertueuses se transforment en frustration, (aliénation). Le soir, une pile

d’oreillers pour m’installer, pour soulever ma tête, tout mon ventre est

remonté. Cette chose presse sur mon estomac et mes poumons, je me sens

comme la princesse au petit pois. Je ne dors pas. Est-ce que je vais mourir ,

c’est quoi la mort. Demain, on commence les démarches. Je n’ai pas de

médecin de famille. On me conseille d’aller à l’hôpital Notre Dame.

Heureusement, j’ai mon dossier de Katmandou, la meilleure porte

d’entrée, l’urgence. Quand on rentre à l’hôpital, on attend, on devient

patient, finalement, après être restée toute la journée, je vois une

gynécologue qui dit qu’elle m’appellera. Retour à la maison, on me dit que

je dois faire que personne ne me lance un ballon dans le ventre, sinon, cela

risque d’éclater. Je consulte des sites d’internet qui me confirme juste tous

les symptômes. Mon chum me paie le coiffeur, dire que mes cheveux vont

tous tomber après, mon visage est très maigre, les os de mes tempes

ressortent. C’est le printemps érable, il fait chaud. Je dois surveiller si mes

jambes enflent, n’étant pas sure, je retourne à l’hôpital, je me fait dire par

un infirmier qui parle de ces vacances « Ce n’est pas tous les jours que l’on

vous annonce un cancer, mais on ne peut rien faire pour vous, retourner

chez vous. Je me sens démunie, je me sens seule, où aller chercher de

l’aide. Attendre le téléphone de la gynéco qui n’arrive pas, et mes nuits

sans sommeil. Finalement tél, ticket pour l’hôpital, un lit dans le couloir, et

double chance, une chambre se libère, je ne passerais pas la nuit dans le

couloir. J’ai une semaine avant mon opération à l’hôpital. Je n’ai pas peur

de l’hôpital, j’y ai passé toute mon enfance à visiter ma mère, et j’ai vu

comment ma mère s’organisait pour ce séjour, maintenant c’est mon tour.

Aller on passe la jacquette, une bénévole vient me faire un massage, le plus

beau cadeau qu’on ait pu me faire jusqu’à présent, je m’endors après

toutes ces nuits sans sommeil.


Cinq personnes seront mes voisins de lit pendant mes 15 jours

d’hospitalisation. Première nouvelle, on ne se repose pas à l’hôpital, il y a

une activité incessante, c’est une vraie ruche. D’abord celui qui vient faire

la prise de sang à 6h du mat. Je l’appelle l’ange Gabriel, il est noir tout

habillé de blanc immaculé, il arrive dans ma chambre avec une grâce infinie

comme s’il flottait à la lumière du jour. Ensuite, à 8h00, le plateau du petit

déjeuner, et les infirmières qui se présentent, bonjour mon nom est , En

effet on peut lire leur nom sur leur blouse. On de dirait dans un club

de gentils organisateurs. Je souris, je parle à tout le monde. Cela n’arrête

pas, c’est un vrai ballet entre les différents intervenants, par contre, pas de

trace de docteur, on ne le voit pas, comme il vient que de très rares fois, il

faut écrire ses questions pour lui poser, pour être sûre de dire les bonnes

choses. Dans le lit d’à côté, une femme de 70 ans, dont le cancer a été

détecté longtemps à l’avance. Je suis au 6AB de l’hôpital Notre Dame,

l’étage où l’on traite les cancers. On y rencontre même des pairs en

jacquette, un jongleur, on se sourit, on ne s’attendait pas à se rencontrer là,

lui, c’est la leucémie, je le revois repartir avec son soluté, j’espère qu’on se

reverra. Bref, on ne se repose pas, on est interrompu sans cesse, à minuit

c’est une autre infirmière et à 2h du mat, l’infirmière de nuit, elle , elle n’est

pas très gentille. Bref, c’est fatiguant.. Au moins, la première semaine, on

va me soulager, on m’enlever 5 l d’eau dans le ventre. On me fait un trou

dans le ventre et je vois l’eau qui s’en va dans une bonbonne au plafond,

c’est un liquide jaune marron. Il faudra une deuxième bouteille. Tout le

monde est gentil et te souris, alors tu souris, aussi, et tu fais des jokes. Les

meilleurs, ce sont les préposés. Ils inventent pleins d’histoires. Ou est ce

que je vous amène ? Voulez-vous y aller en avion, en bateau. Je me mets à

regretter de ne pas avoir pris l’hélicoptère pour aller voir l’Himalaya, cela

me paraissait cher à l’époque, 100 dollars, aujourd’hui, je trouve cela

ridicule, pourquoi, ne pas l’avoir fait?.


On me soigne aux petits oignons, on vérifie mon cœur. je peux un peu plus

manger grâce à ces 5 l d’eau en moins. La date de l’opération approche. Il

faut que le bloc opératoire soit disponible. Entretemps, je me ballade dans

l’hôpital, je deviens le petit rat de l’opéra.

Le 6AB, que de bons souvenirs, les infirmières sont aimables. Je vais au scanner,

un gros tube dans lequel on vous enfonce, pour voir les orgnes, allergique à l’iode

que l’on m’a donné pour cette opération, de splaques rouges apparaissent dans mon dos,

j’ai la gratouille.

Opération

Convalescence

Bien Etre social

A l’hôpital, on est entouré d’une fameuse équipe, travailleuse sociale, nutritionniste,

sexologue, psychologue.et infirmière pivot. J’avais reçu les papiers du bien être social

de la part de la travailleuse sociale , en arrivant à l’hôpital, une démarche un peu

rapide, lorsque l’on est pris dans le tourbillon de ce qui arrive , maladie , soins,

opération. J’avais pris connaissance de tous les papiers que l’admnistration demandait,

lettre des anciens employeurs, j’avais mon beau papier du médecin néoplasie de l’ovaire,

hystérectomie abdominale et salpingo-ovarectomiebilatérale, plus lymphaderectomiepelvienne,

plus omentectomie plus cytoreduction,plus peritorectomie sousdiapmatique droite plus pelvienne.

Impossibilité de travailler pendant 6 mois, chimiothérapie pendant trois mois.

Je m’étais rendue là bas à leur guichet, à peine sortie de l’opération et j’étais nerveuse,

je me sens toujours coupable de demander. Par la poste, il m’était arrivé encore de

nouvelles demandes de papiers à fournir. Je décide de téléphoner à la madame pour

savoir si tout est correct, celle –ci me demande avez-vous des fréres et des sœurs qui

peuvent vous soutenir, je lui dis , erreur de moi, mes parents sont décédés, et c’est là

que j’ai créé mon malheur.« Ah vos parents sont morts» dit elle d’un ton presque

jubilatoire,« je veux leur testament, vous êtes française , vous devez avoir des millions»,

mais je suis canadienne , cela n’a rien à voir. Il me faut tous les documents dans 15

jours et si je ne les ai pas ,vous devrez refaire une autre demande.


Je suis atterrée, non seulement, je dois revivre la disparition de mes parents, mais

encore, aller dans ce nid de guêpes que sont les relations familiales, mon père n’a pas

laissé de testament ni, ma mère, et je ne sais pas comment le dire

mais il y a la succession et je ne sais pas mentir vis-à-vis de l’autorité. Je contacte ma

sœur avec laquelle, je n’ai jamais été en bons termes. Cette histoire de succession est

plus large qu’elle n’en a l’air. En effet, ma famille, s’est littéralement déchirée pendant

toute mon enfance, avec cette histoire de terrain que mon grand père avait acheté,

mon père n’était jamais d’accord avec son frère et sa sœur et je n’ai pas eu de relations

amicales avec mes cousin et mes cousines en raison de ces histoires, juste des relations

polies , mais sans plus et là , ce cancer me remet au cœur de ces conflits non

résolus. Commence alors une course effrénée entre la France et le Québec pour réunir

les papiers pour le bien être social. Je suis en chimio thérapie, je suis comme dans un

demi brouillard, je suis fatiguée et j’apprendrais par la suite que c’est le lot de bien des

malades, de se battre avec la machine admnistrative , que ce soit le gouvernement ou

les assurances.

Départ du Chum

Effets Secondaires

Hope and Cope

Avocats, Travailleuse Sociale, docteur

Aide au Malade

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