Idée originale de Judith Brisson

FABLE

Dialogue between man and woman, in the 10-minute play tradition of the Actors Theatre in Louisville, Kentucky. soldier-wife/ domestic scene – announcement of departure – confession? – torment /aggression – abandonment - resolution.

PERSONNAGES

Sol – Québecois Afghanistan war veteran with a physical injury and PTSD.

Frida – English school teacher and full-time nurse for her husband, Sol.

Charlie - Friend and colleague of Sol

Textes

Charlie s’en vient.Nécessaire?

Sol: (devant la télé, une jambe dans le plâtre): Un'aut'bière Frida!?!

Frida :(de coulisse, à cour): So-o-o-o-o-o-lll! Chu t'occupée là...

Sol : Aie! Va me chercher une bière et vient t’assire icitte avec moé.. Que c’est tu fais dans ta chambre? C’est quoi le bruit?

Frida : (entre, affairée): Je suis en train d'emballer des coussins.

Sol: Que c'est?

Frida: J'm'en vais chez me sœur pour un boutte.

Sol: T’as jamais rien dit ... à propos d’aller chez ta sœur. Quand est-ce t’as décidé d'faire ça? Pourquoi tu me l’as pas dit?

Frida: J'ai besoin d'un break, Sol, je serai pas partie longtemps. Une couple de jours.

Sol: Frida, tu sais bien que je ne peux pas rester tout seul en ce moment. C’est ce qu'a dit le docteur! Je suis pas s’pposé d’être tout seul...

Frida: Je sais, je sais. J'ai parlé à Charlie et il m'a dit qu'il viendrait rester avec toi.

Sol: Charlie? T’as parlé à Charlie? (vient pour éclater, se reprend) CRISSE!T’AS PARLÉ À CHARLIE? Tabarnak, Frida, on n’a pas de vie privée, nou'Z'autres!?!

Frida: Calme-toé, chose.

Sol (Agité): Non, je me calme pas. Je ne veux pas me calmer! Le son d’une porte me rend fou, je peux pu sortir, j'écoute les chiens qui jappent ou les autos qui « backfire ». Je peux pu entendre les enfants jouer dans le parc. J’ai besoin de plus de temps! Frida, s’il te plait, come,on! Donne-moi du temps, tu peux pas me faire ça..

Frida: Sol, it’s been weeks, ça fait des semaines, DES SEMAINES! J'ai besoin de prendre l'air. Je respire pus icitte!

Sol: T'es ben chanceuse, toi tu sors à tous les jours! Tu vas à tous ces meetings, meeting de marde si tu me demandes. Rien qu’une gang de bonnes femmes qui chient sur leu'Z'hommes.

Frida: And what about you? T'as pas vu ton conseiller depuis des mois. Faudrait t'ailles au centre de services pour les vétérans...

Sol: Services? Tu penses-tu qu’ils donnent des o'stie d'services là? Si tes chums vets savent que tu tètes des services, t'es faite! t'es classé dans les faibles, t'existes pus pour personne. Si mon supérieur apprend que je reçois des soins dans tête, ma carrière dans l’armée est finie! Si je peux pas travailler à l’armée, que c'est j'vas faire? Emballer au Wal-Mart? Sortir les frites au MacDo? J’ai besoin de ma job! ON a besoin de ma job. On parlait de faire une famille, tu te souviens pus de ça? Là je peux pas t’approcher avec une perche plus 3 condoms… C’est quoi qui se passe hein? Le pire, c'est que je voulais te demander...

Frida: (bloquant le sujet): Sol! Une chance que tu peux pas te mettre un genou... Ô SOl!

Sol: (qui l'a attrapée, la contraint): On faisait ça toujours sans condoms avant l'Afghanistan.

Frida: (Se débat, se déprend)

Sol: Pis....

Frida: Pis... quoi?

Sol: Ben, qu’est-ce qui se passe avec ça? Tu veux plus avoir d’enfant avec moé?

Frida: (changeant de places quelques traîneries)

Sol: Non, viens icitte, b'bé! Ça fait des semaines... (l'aggrippe violemment) Ton homme a des besoins, hein? Si tu ne me le donnes pas, il va falloir que je cherche ailleurs...

Frida: Gênes-toi pas

Sol: Han? Quoi?

Frida : (Irritated): J'dis vas-y, fais ben comme tu veux. Comme ça au moins tu sortiras de la maison! T'es toujours ici, toujours! Que c'est tu fais? Tu regardes la télé toute la christie de journée. Maybe your friends would be right calling you a pussy!

Sol: (Menacingly): Viens-tu folle?

Frida :(Silence) Va la chercher toi-même ta bière.

Sol: J’ai risqué mon cul pendant des jours, ils m'ont forcé à faire des choses, des affaires que j'veux pas me souvenir, que tu veux pas savoir. J’ai fait tout ça pour nous, qu’on puisse avoir une belle vie. Sais-tu qu’est-ce que c’est chercher une job amanché de même? Hein, Frida? Y’a personne qui veut engager un vétéran. Et maintenant, que je suis blessé, tu t’en vas? Tu vas me laisser tout seul?

Frida : (Calmly): Charlie s'en vient.

Sol: Charlie s'en vient, Charlie s'en vient... (mocking Frida). C'est toi que j'veux icitte. Tu t’en vas nulle part.

Frida : (Defiantly) : Écoute ben, que ça fasse ton affaire ou pas, je m'en vas chez ma sœur, Char, euh... (se reprend, trop tard) Sol!

Sol (disbelievingly) : Que c’est tu viens de dire?

Frida : Je m'en vas chez ma sœur.

Sol: Pas ça! T’es venu pour me dire Charlie.

Frida: C'est pas vrai.

Sol: Je sais ce que j’ai entendu, câlice! (Slaps Frida across the face) Tu me prends pour qui? Mens-moi pas, je sais ce que j'ai entendu.

Frida: Si tu me frappes encore!

Sol: Regarde moé!

Frida : Va chier!

Sol: Regarde moé, hostie!

Frida: Touches-moi pas!

Sol: (Threatens to slap her, but instead grabs her by the hair) T’as baisé Charlie, hen, ma tabarnak.

Frida : Estie! Ça recommence. Change de toune!

Sol : Si je découvre que t’as fourré avec Charlie, je vous tue les deux, comprends-tu? Je m’en fous qu’il soit mon supérieur, je vas l'tuer lui en premier, dans ta face à part de ça, ma chienne.

Frida : T'es pathétique, Sol.

Sol :(Unbelieving) OK j'avoue, Frida, j'suis pas bien dans ma tête depuis que je suis revenu. Je serai pu jamais opérateur de drone s’ils savent comment que que je suis...

Frida : T'as besoin d'aide, Sol. J'suis pus la bonne personne pour prendre soin de toi. T'es presque guéri, va falloir tu fasses un boutte tout seul...

Sol: J’ai personne d’autre, Frida. Pas de frères, pas de sœurs. Pis ça fait longtemps que j'ai pas eu de nouvelles de mon père, tu sais ben qu'il doit êtrre mort...

Frida : Crisse-toi z'en de lui, ton père c't'un abruti.

Sol: Hey! Que je te voye dire du mal de mon vieux. C’est un “businessman”.

Frida : "Businessman", tu me niaises-tu?!

Sol: Un ostie d’homme d’affaires qui a toujours sa propre “business”. Qu'est-ce t'as faite dans ta vie toi, à part torcher des culs ?

Frida : Tabarnak, Sol, ton père est un mercenaire. T'as-tu lu ce que Skunkwater a fait en Iraq? Lis-tu les nouvelles des fois?

Sol (Somberly, head in hands) Lire les nouvelles, j'peux pas.

Frida : Ben tu devrais! Entre la compagnie de ton père et l'armée, ils ont fait toute sorte de fuckeries là-bas! Des choses que personne devrait jamais vivre: tuer des innocents, torturer des civils, bombarder le pauvre monde de phosphore blanc, d'uranium appauvri, toute la job de marde que les grands veulent pas faire eux-mêmes...

Sol (Agitated and hyperventilating): La ferme, Frida!

Frida : Ton père a dealé avec tout ça. Mais s'occuper de sa famille, par exemple, never! Il s'est même pas présenté à notre mariage. Il t'écrit jamais. He’s a fucker, Sol. Fuck him!

Sol: Ferme la!

Frida : Moi, j'te comprends pas, pourquoi tu l'attends encore? Il se crisse de toi!

Sol: (Bouder)

Frida : (walking away)

Sol (With fear): stp Frida, va-t'en pas!

Frida : Plus vite tu te fais à l'idée...

Sol: Quand c'est qui arrive, Charlie?

Frida : Dans pas long... J'en peux pus, du criage, de la boisson, des coups, je suis trop poquée, Sol, t'as-tu vu? (Pulling up sleeve to reveal bruised upper arm) Ça, ça fait trois semaines.

Sol: Pis qu’est-ce qu’il sait, Charlie, de tout ça?

Frida : Rien. Le taxi arrive dans deux minutes.

Sol: J’ai personne, Frida. Personne. Tu ne peux pas me faire ça. (Begins to cry) Je vais me retrouver dans la rue, sans abri...

Frida : Prend soin de toi, Sol. Je t'appellerai. (walks offstage with some hesitation, hand on her cheek, door slams)

Sol (Gazes at the gun. Leans forward to grab it, examines it with contemplation, points it towards his face as his cell phone begins to ring, looks into the barrel - long pause - and puts it down. Gets his cell phone out of his pocket, answers the call, hopeful.) Frida?

Male voice: No it’s Charlie, Sol. How’re ya doing, man?

Sol: Not so good Charlie, Frida est partie.

Charlie: She’ll be back soon, Sol. I’m gonna be over soon to check things out OK? You gonna be alright until then?

Sol: I dunno, Charlie (absently). I dunno if I’m gonna be alright..

Charlie: You hang in there for a bit, OK? I just have a couple of things to take care of. Feel like burgers? I can pick up some burgers on my way over.

Sol: Pis une couple de bières?

Charlie: Sure thing.

Sol: Thanks, man.

Notes, contre notes

Judith: j'ai un problème pour le moment avec cette scène, telle qu'elle est. Et je crois que de résumer cette scène à une dizaine de répliques par personnage est plausible dans la mesure, où pour le moment, à part d'exposer l'ordinaire d'un couple socio-dépendant affectif. Pourquoi monter cette scène là maintenant? Et de quelle manière pouvons-nous transformer un dialogue de l'ordinaire en un dialogue percutant, drôle et irrévérencieux????