Scène précédente -> La Légende du tilleul fidèle

Montage d'extraits de Caucus_24aou11 (via Facebook)

Tous les artistes d'InSitu sont rassemblés pour dire adieu à Béatrice et Léon. Et les laisser là.

Francis Elmerez Boudreault: On arrive à la fin. La troupe s'en va. Les vieux restent immobiles un instant, appréciant pour la première fois le vide d'agitation humaine. Ils se regardent, peuvent se rapprocher, ça bouge encore dans ma tête.

Ginette Racine: Longtemps, ils écoutent s'éloigner la troupe.

Francis Elmerez Boudreault: Oui, longtemps ils le font. Ils s'observent l'un l'autre, voyant leur amour pour la première fois enfin épuré de la pression. Ils sont enfin seuls, deux amoureux qui n'ont plus que de leur tendresse à s'occuper.

Ginette Racine: Deux love birds

Francis Elmerez Boudreault: Une fine musique, peut-être carillons ou même rien du tout. Une bande sonore de la forêt : pics bois, chants d'oiseaux, du vent dans les arbres(les arbres qui craquent comme des os de vieillards)...

Ginette Racine: ...pas besoin d'en faire autant, on sera dans le bois

Francis Elmerez Boudreault: (j'imagine tout peut être joué en salle, on ne sait jamais, et même en forêt, ça ne veut pas dire qu'on ne peut rajouter quelques sons additionnels)

Ginette Racine: c'est plus mieux, t'as raison...

Francis Elmerez Boudreault: L'éclairage se baisse sur toute la scène, sauf sur la maisonnette. Un petit spot par en haut, pourquoi pas. Puis, le son du vent augmente, très subtilement, très doucement. Un éclairage, c'est facile à adapter. Donc,le vent commence à souffler plus fort. Visuellement, on doit sentir un certain froid s'installer, mais pas un froid cru, non, un froid poétique, un froid lent et paisible. Un troisième panneau s'abaisse sur la cabane et forme un toit en pente (pente direction d'une coulisse à l'autre)ou légèrement en biais vers public (en salle, ça se fait. En forêt, j'imagine un système simple ou un panneau accroché à un tronc est simplement descendu, il peut servir de limite de scène jusque là... Ou être simplement installé par les vieux par voie du sol. Donc, le toit est installé. Le vent souffle et (rêve possible mais tout dépendant des moyens) des feuilles d'arbres commencent à tomber sur la maisonnette. C'est l'automne, évidemment. La pénombre est presque totale sur scène.

Les vieux, voyant les feuilles tombées, repoussent lentement les feuilles à l'extérieur de la maisonnette et installent les deux derniers panneaux de bois, fermant lentement la maison à la vue du public. Ils peuvent par exemple chacun installé un panneau, le faire pivoter par l'extrémité et se retrouver à l'avant scène, chacun son mur à la main, ils se prennent la main et, avançant dans la maison, rapprochent les deux murs.

Ou tout dépendant du désir de faire ça poétique. J'imagine encore le vent augmenter. Une petite lampe est allumée dans la maisonnette. On comprend que les vieux sont toujours là, mais le public ne peut les voir à cause des panneaux. C'est l'idée de se retrouver seuls, même cachés du public). Une petite lampe à l'huile, pourquoi pas. De la neige peut commencer à tomber sur le toit. L'hiver est arrivé. Plus de mouvement sur scène. Quelques instants se passent... Puis la lumière de la lampe, qui paraissait entre les branches du panneau, est soufflée. Et sans plus d'artifices, les dernières clartés s'éteignent. Dans le noir, le vent souffle encore un peu, puis s'éteint. Fin

Ginette Racine: c'est très beau, touchant, c'est une solide option, je ne m'imaginais pas qu'on montrerait ça. Je trouvais assez troublant de les laisser seuls, debouts face à leur destin

Francis Elmerez Boudreault: si tu as eu la chance de voir Icaro à l'Usine C, par contre, tu vois ce que je veux dire par fin théâtrale poétique. On le montre sans le montrer. On ne voit pas les vieux mourir. Mais on installe ce calme et cet isolement qu'est la mort digne. Non pas une mort de héros comme celles des mythes grecques.

FIN

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