Acte I - Scène 9 - Simone IV

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À Mandalay, Birmanie, aéroport et bureau du médecin, Montréal: où les conditions physiques de Léon et Simone sont exposées en parallèle.

Scène absolument silencieuse. Toutes les intentions passeront dans les postures, les déplacements, les regards. Cette scène est marquée par la position d'attente des quatre personnages centraux : une attente vaine puisque sans objet, un espoir non concret puisque sans sujet, une angoisse du silence de l'incertitude insoutenable.

Disposition scénique - La scène se divise en deux parties symétriques à partir du centre : côté jardin (A), côté cour (B). Quatre panneaux 
sont disposés sur scène. Deux panneaux, vers l'avant-scène centre, sont disposés côte à côte, séparés d'environ deux mètres (ou, plus 
exactement, la largeur de deux valises). Ils sont presque à l'horizontal, légèrement incliné à la vue du public. Le panneau côté A sera le 
lit de Simone; celui côté B, le lit d'examen médical de Léon. Entre la coulisse jardin et le lit de Simone, un panneau à la verticale, 
légèrement en retrait, sera l'aéroport où Inès attendra son vol. Symétriquement, un panneau du côté B sera la salle d'attente où Béatrice 
attendra. Ces deux derniers panneaux, décorés en conséquence, tournent très légèrement le dos à la double-action centrale.

Transition : Pendant qu'on installe le décor, une projection de tableau d'affichage, de décollage d'avion et de réseau aérien se fait sur l'ensemble de la scène pendant l'installation des panneaux, pendant qu'on entend des appels de pilotes et des messages d'aéroport (ex. Dernier appel pour les passagers du vol Montréal-Venise). Inès, qui a quitté le café où elle rencontrait Jules, erre, en roulant sa valise, dans la projection pendant que tout se place. Elle arrive finalement devant son panneau, semble regarder un panneau d'affichage des prochains vols, soupire, cherche une chaise, en trouve une, lâche sa valise, s'assied, exaspérée. Des figurants voyageurs passent. Elle se pose, se repose, saisit quelques messages au hasard, attend. Instant.

Béatrice et Léon entrent par côté cour et arrivent dans la salle d'attente. Ils enlèvent leur manteau, les plient dans leur bras, s'assoient finalement. Ils se tiennent la main. Des figurants peuvent arriver et prendre d'autres sièges. On peut entendre des messages d'appels de prochains patients s'ajoutant aux appels de l'aéroport. Les deux se tiennent la main, se regardent quelques fois, regards qui s'attendrissent, se rassurent, s'aiment. Instant.

Le son ambiant diminue soudainement. Un moment de silence, Inès, Béatrice et Léon lèvent la tête, attendant. Puis, on entend un petit 
bip, suivi d'une voix féminine : Prochain numéro, le 37. Salle 9. Next number, the 37. Room nine. Inès rabaisse la tête, déçue, Léon 
se lève et fait un au revoir à Béatrice. Au moment où Léon passe de la salle d'attente pour entrer dans la zone cabinet du médecin, Simone 
apparaît de derrière le panneau d'Inès. Léon se traînant, Simone traînant sa valise, les deux avancent un instant côte à côte, arrivent à 
leur lit, s'arrêtent, soupirent lentement, s'assoient en même temps et se font face sans se voir. Simone tousse, tremble. Instant.

L'ambiance sonore d'énervement (urbain, aéroport, médical, etc.) reprend. Une armée d'infirmières entrent, allant et venant de la pièce vers la coulisse cour. Elles fourmillent, paperassent dans des documents, gigotent à droite, à gauche, se bousculent. Simone finit par se lever. Elle prend sa valise et l'apporte au pied du lit, restant dans l'espace central. Au même moment, une infirmière pose une valise remplie de matériel médical. Simone sort ses objets de clown alors que l'infirmière sort ses objets de sérieux-médicaux. Les mouvements sont synchronisés et jeu comique peut s'établir entre les objets de l'une et de l'autre. Simone sort de sa valise un rouleau de tissu blanc, puis referme sa valise, en même temps que l'infirmière. Les valises sont glissées sous les lits pour ne plus encombrer. Alors que Simone se dirige avec son rouleau jusqu'à la tête de son lit, une infirmière entre avec un rouleau équivalent. Les deux femmes prennent pause à la tête des deux lits puis laissent se dérouler leur rouleau, qui se développent en formant des draps. Simone retourne s'asseoir sur son lit. Les infirmières se calment un peu et s'alignent quelque part, attendant. Possibilité : elles pourraient venir s'enligner entre les deux lits et l'avant-scène, tournant dos au public en créant une ligne entre les zones. Aussi, les figurants voyageurs pourraient en faire de même, gardant l'attention du public pour la suite. (Instant)

Inès et Béatrice se lèvent toutes deux, impatientes, incapables de rester debout. Béatrice fixe la porte-espace où Léon est entré, serrant son foulard dans ses mains; Inès prend son téléphone, tentant de faire un appel, en vain. Elles s'avancent ensemble jusqu'à l'avant-scène, impatientes. Elles s'immobilisent un instant. Elles regardent autour, au-dessus du public. Puis, leurs regards se croisant, elles ont un soudain enthousiasme, qui donne l'impression étrange qu'elles réagissent l'une à l'autre. Mais non. Elles se dirigent chacune vers le centre et, comme elles arrivent l'une face à l'autre, elles cherchent dans leur poche de la monnaie pour une distributrice. Elles miment le mouvement de mettre de l'argent dans une fente. Mouvements lents où elles se touchent le doigt en composant un numéro de produits. Elles se penchent, ramassent quelque chose au sol, puis repartent vers leur siège en grignotant pour calmer leur impatiente. (Instant)

Les lignes se brisent entre infirmières et voyageurs, tout le monde se mélange et se bouscule à la tête des deux lits. L'homme-patère se 
glisse entre les figurants, passant inaperçu pendant un moment, se postant au centre arrière. Dans la bousculade, on ne doit pas non plus 
porter particulièrement attention à une infirmière arrivant avec un sarrau de médecin et un stéthoscope et les accrochant à l'homme-patère.  
Les figurants sortent peu à peu par les coulisses. Le silence le plus total se fait alors, laissant les quatre personnages à leur solitude 
scénique et faisant apparaître l'homme-patère. Simone tousse. Instant. 

L'homme-patère enfile le sarrau et le stéthoscope, puis s'avance lentement, jusqu'à arriver exactement entre les deux lits. Il se penche sur Simone. Elle tousse. Ils se regardent. (instant) Simone enlève son nez de clown et le met sur le nez de l'homme-patère, (moment). Ce dernier se relève et se tourne vers Léon. Il écoute le coeur de Léon, qu'on entend résonner sur scène. Léon prend une grande respiration, puis expire. Simone de même, mais elle s'étouffe et tousse, moment. L'homme-patère fait signe à Léon de s'allonger. Simone met son bonnet de nuit. Les deux alités s'allongent en même temps sur le lit. L'éclairage s'éteint lentement et on n'entend plus, dans le noir, que les battements de coeur qui continuent un instant et Simone qui, une dernière fois, tousse creusement dans sa solitude.


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